YUMAN ZOO

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mercredi 10 décembre 2008

La colonie pénitentiaire







vendredi 5 décembre 2008

Les cercles de l'épouvante.



Le jour de la saint-Ambroise, j'étais malade, comme
tous les enfants gâtés d'ailleurs, car, la veille étant la
Saint-Nicolas, ils s'empiffrent de sucreries, de pâtisserie et de fondants.
Il me fallut me lever dans la nuit, la bouche mauvaise, le
ventre lourd, tiraillé de crampes vives. Le malaise
passé, je regardais par la fenêtre la rue noire et venteuse où le grésil grignotait le silence.
La maison de mon oncle Kwansuys faisait à peu près
face à la nôtre et je fus étonné en voyant, à cette heure
avancée, les stores de sa chambre à coucher teintés de lumière jaune.
- Il est malade, tout comme moi, ricanai-je, me souvenant avec amertume
du bonhomme en pain d'épice qu'il avait prélevé sur mes présents de la Saint-Nicolas.
Et soudain, je me jetai en arrière en étouffant un cri d'épouvante.
Une petite ombre véloce courait sur le store, l'ombre particulièrement hideuse
d'une araignée gigantesque.
Elle grimpait, descendait, courait de-ci, de-là en des cercles rageurs et, soudain,
s'élança hors de mon champ de vision.
De l'autre côté de la rue s'élevèrent alors des appels effroyables, qui, secouant l'immense sommeil
du Ham, firent s'ouvrir les fenêtres puis les portes.
Ce fut la nuit où l'on trouva mon oncle Frans-Pieter Kwansuys égorgé dans son lit.
On m'as raconté depuis qu'il avait eu la gorge arrachée et le visage réduit en bouillie.

Les cercles de l'épouvante de Jean Ray, p. 213. Extrait de "La main de Goetz von Berlichingen".